Le limogeage du Président de Danone sous la pression de fonds activistes montre les insuffisances de la loi PACTE et la nécessité d’une régulation d’un capitalisme financier outrancier, obsédé par le profit à court terme.
Ce lundi, Emmanuel Faber n’est plus Président de Danone. Celui qui voulait concilier performance économique, justice sociale et protection de l’environnement vient d’être limogé sous la pression de fonds d’investissement Anglo-saxons qui lui reprochent, notamment, la faiblesse des résultats financiers (malgré un résultat net de 2 Milliards d’euros en 2020…). Ce licenciement au nom du sacro-saint veau d’or du profit est d’autant plus outrancier que Danone était la première société du CAC 40 à avoir adopté le statut d’entreprise à mission. Cette disposition, introduite par la loi PACTE (2019) donne la possibilité aux entreprises de se définir par rapport à des objectifs, non pas financiers, mais sociaux, sociétaux ou environnementaux. Danone a ainsi pour mission d’améliorer la santé du plus grand nombre, contribuer à préserver la planète, construire le futur et promouvoir une croissance inclusive. C’est pourtant la loi du profit maximum à court terme qui l’a emporté. Et ceci sous l’influence d’actionnaires minoritaires, entrés très récemment au capital de Danone et qui en repartiront sans doute dès que leur plus-value boursière sera suffisante.
Avant que le sang ne coule dans le yaourt, voici un an, il y avait eu de l’eau dans le gaz chez Engie. La Présidente, Isabelle Kocher, seule femme dirigeante d’un groupe du CAC 40 s’était lancée dans la transition énergétique en arrêtant l’activité charbon, en se lançant dans les énergies renouvelables et en se donnant comme objectif de décarboner Engie rapidement. En février 2020, elle avait été contrainte à la démission en raison de « désaccords stratégiques avec le conseil d’administration ». Engie a revu depuis ses objectifs de rentabilité à la hausse.
« L’affaire » Danone illustre malheureusement le peu d’impact de la notion « d’entreprise à mission » qui n’est que de la poudre aux yeux. Cette « mission », pourtant soutenue également par les fonds activistes, passe aux oubliettes dès que les profits sont un tant soit peu menacés.
Cet épisode démontre, une fois de plus, la nécessité de de mettre en place de véritables régulations au sein de l’entreprise à commencer par la codétermination avec l’introduction d’une parité salarié.es / actionnaires au sein des conseils d’administration ou conseils de surveillance.
Eva Sas et Alain Coulombel, porte-paroles
La Commission Économie, Social et Services Publics d’EELV