Pour une industrie réellement verte : Écologique, juste, coopérative et démocratique
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Pour un changement de paradigme

Limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ou même en deçà de 2°C, stopper l’érosion de la biodiversité et préserver nos ressources sont les plus grands défis de notre siècle. Il nous impose de réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, de prendre soin du vivant et de nos ressources naturelles. Pour atteindre ces objectifs, le développement continu de notre production, sans boussole écologique et sociale, ne peut plus être notre seul horizon. Il est temps d’accepter notre vulnérabilité pour écrire une nouvelle page de notre histoire, afin de mieux prospérer collectivement. Les limites des conditions matérielles de la planète doivent nous inviter à changer de paradigme.

  • Sur le plan économique, nous devons refonder notre économie (et notre industrie) sur nos besoins réels afin de nous adapter à la capacité de charge des écosystèmes.
  • Sur le plan culturel, nous devons sortir de notre rapport de domination de la nature qui conduit à la considérer comme une marchandise. Aujourd’hui nous privatisons même l’atmosphère à travers les crédits carbones, c’est absurde !
  • Sur le plan politique, nous devons faire corps avec les citoyens et les territoires.
  • Sur le plan social, nous devons protéger ceux qui subissent le changement climatique et les injustices environnementales.

Disons le clairement, nous ne partageons pas la logique du gouvernement. L’ambition n’est résolument pas de sortir de la course effrénée au productivisme. Elle vise à réintégrer notre pays dans la compétition internationale en l’habillant d’une volonté de décarbonation. Cela n’en fait pas une industrie que l’on pourrait qualifier de verte.

La stratégie “Industrie verte” du gouvernement, qui n’a donc de vert que son nom, nous oblige à exposer l’importance d’un nouveau paradigme. Une alternative réaliste qui prouve qu’une réindustrialisation réellement verte est possible et bénéfique pour tous et qu’un verdissement de l’industrie existante peut être efficace.

Réorienter la politique industrielle européenne

Face au “Inflation Réduction Act” américain, la commission européenne énonce une politique industrielle qui vise à rendre l’industrie plus compétitive. Cette stratégie, laissée aux mains des industriels qui continuent d’en fixer les modalités, est en totale incohérence au regard de nos objectifs écologiques et sociaux. Et malheureusement la stratégie française s’inscrit dans le prolongement de cette initiative européenne.

Nous, écologistes, portons la bataille pour une industrie soutenable à tous les échelons et défendons un plan d’industrialisation écologique pour l’Europe. Notre objectif est de faire passer à 20 % la part de l’industrie européenne du PIB européen, en s’appuyant sur les industries d’avenir : « énergies propres et renouvelables hors nucléaire ; transports propres, notamment ferroviaire, et connexion de l’ensemble des zones européennes ; économie circulaire et préservation des ressources via le réemploi, la réparation et le recyclage ; et enfin l’industrie du numérique.

La politique industrielle européenne doit donc encadrer les entreprises pour que leur développement ne se fasse ni au détriment des salariés, ni au détriment de la transition écologique. Il y a également une nécessité vitale à mettre en place un protectionnisme vert qui garantit aux européens l’accès aux biens dont ils ont besoin pour vivre dignement, tout en sortant des fausses promesses des “prix bas” qui ont des conséquences dramatiques sur les droits humains et sur l’environnement.

La France doit montrer l’exemple

Au moment où l’emballement climatique conduit à imaginer une France à + 4 degrés, où l’effondrement de la biodiversité s’accélère, où les matières premières se raréfient, où les pics de pollution en France deviennent tristement habituels et où certaines catastrophes industrielles devraient nous interroger quant à la santé et au bien vivre des Français, nous ne pouvons faire le pari funeste d’une politique industrielle verticale, qui exclut un réel examen de nos besoins au regard des limites planétaires, et l’association des territoires comme des citoyens dans ces décisions.

La France, plutôt que de vouloir protéger nos entreprises des concurrences déloyales en prônant une déréglementation moins disante écologiquement et socialement, doit être proactive et défendre l’exemplarité pour entraîner d’autres pays vers un modèle d’activités économiques soutenables.

Ce manifeste écologiste montre qu’un autre chemin est possible : celui d’une réindustrialisation démocratique et coopérative qui accepte de “redescendre sous un seuil de soutenabilité et garantisse une prospérité durable”. Cela passe par l’acceptation que le modèle d’une production sans aucune limite n’est plus tenable et que la logique de la croissance verte est tout aussi mortifère que la croissance tout court.

Nous devons entrer dans la post-croissance et penser nos activités à l’aune des limites planétaires, pour préserver l’habitabilité de la planète et notre bien-être. Il nous faut aussi proposer un protectionnisme de transition pour promouvoir un modèle écologique et social exigeant.

C’est la seule voie pour résister aux chocs écologiques et proposer une transition juste socialement.